
Bourgeois impénitent, Dom Juan prend un malin plaisir au cynisme. Il brise des passions, trompe, ne s'acquitte de ses créances et se moque du ciel. Son valet Sganarelle le prie de revenir à des des meilleurs sentiments, il s’en veut sourd. Bientôt, du ciel, il recevra un juste châtiment à la hauteur de ses vices.
La pièce de théâtre Dom Juan, écrite en 1665 (XVIIe siècle), est une comédie tragique qui met en scène un personnage aussi fascinant que controversé : Dom Juan. Ce dernier, noble libertin au caractère cynique, méprise la morale et se moque ouvertement de Dieu.
Promis à Elvire, qu’il abandonne sans scrupule, il courtise ensuite Charlotte et Mathurine, à qui il promet un mariage sans aucune sincérité. Trompeur et manipulateur, il se joue de tout le monde, y compris de son créancier monsieur Dimanche, qu’il ridiculise, et de son père, Dom Louis, qui tente en vain de le ramener à la raison. Son valet Sganarelle, bien que effrayé, lui rappelle constamment ses fautes, mais Dom Juan persiste dans son mépris des lois divines et humaines. Défiant le ciel jusqu’au bout, il finit par être foudroyé, puni pour ses péchés au grand soulagement de Sganarelle, qui reste seul à la fin, désemparé mais vivant.
Dom Juan est présenté comme une figure de rupture avec la société française du XVIIe siècle, profondément marquée par la pudeur morale et religieuse. Désinvolte et rebelle, il défie les normes établies et incarne un personnage sans scrupules, qui ne respecte ni ses promesses de mariage, ni ses engagements financiers. À une époque où la censure religieuse et morale est omniprésente, Molière, à travers le personnage de Dom Juan, amorce une réflexion audacieuse sur des thèmes majeurs qui préfigureront ceux du siècle des Lumières, notamment la liberté individuelle, la critique des dogmes et l’hypocrisie sociale.
Dom Juan incarne ainsi une quête de liberté, notamment dans le domaine amoureux. Il refuse les carcans imposés par l'institution du mariage et revendique une forme d’hédonisme assumé. Cette vision est illustrée par la célèbre réplique à la page 38 de l’édition Folio Classique : « Le plaisir de l’amour est dans le changement ». Cette maxime, qu’il énonce sans vergogne, justifie sa propension à passer de femme en femme sans jamais s’engager durablement. Si cette attitude lui vaut de nombreuses critiques de la part des autres personnages, elle reflète une volonté de vivre selon ses propres lois, en marge des conventions sociales et religieuses.
Par ce passage et par l’ensemble de la pièce, Molière ne se contente pas de brosser le portrait d’un séducteur immoral ; il interroge aussi, en filigrane, les limites de la liberté dans une société corsetée par la tradition. À travers Dom Juan, l’auteur ouvre la voie à une réflexion sur la responsabilité individuelle, la foi, le libre arbitre et le conflit entre désir et devoir, des questions qui occuperont une place centrale dans la philosophie du siècle suivant.
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